Le perron
Elle sera peut-être seule, un peu vieille. Ce sera un matin qui ressemblent aux précédents. Elle s'installera sur son balcon, comme on s'installe sur un perron donnant sur la mer ou des prés aux dessins de rêverie. Elle s'enfoncera dans le fauteuil moelleux, un châle sur ses épaules, dans ses mains une plume et un carnet, ou des pages volantes. Comme d'habitude, son coeur battra plus fort dans l'alignement des mots. Elle n'en peux plus de cette inspiration qui se ramène en bouffées depuis si longtemps. Pourtant elle s'y soumet, fidèle et dévouée. Le souvenir de l'homme-muse dicte encore et encore la prose sans fin. Cette matinée s'ajoutera aux matinées de sa vie, comme s'ajoutent autant de rendez-vous manqués avec l'homme-muse. Puis, elle posera la plume et le papier, le regard penché sur les taches d'encre quotidiennes imprimées sur ses doigts, et sur le reste de ses journées.