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Lou comme Lou
4 mars 2012

Sils Maria

 

Là-haut, dans la chambre, elle n'avait pas osé lui chanter cette mélodie, quelques do parmi les sol et quelques sol parmi les do, de mineur en majeur crescendo. A l'instant où il lui tournait le dos, la soliste avait fredonné dans sa tête la berceuse soliloque en posant un baiser sur sa tempe chaude et déjà sollicitée par les rêves. Elle avait envie de lui dire encore une fois qu'elle aime son nom et son prénom, parce qu'ils sont rares et majestueux et dessinent l'image de sa personnalité.

 

Durant la marche, le souffle de l'homme s'offrait au vent frais. Elle, elle ne savait plus lequel sifflait dans ses oreilles, lequel la transportait le plus, car elle avait l'impression de s'envoler. Elle trouvait qu'il y avait du lyrisme dans l'air et quelque chose d'entendu entre eux. Ils aimaient écouter les mots du silence. Ils se les échangeaient sans les prononcer, continuant cette marche apaisante. Nietzsche n'était pas loin, est-ce en ces lieux qu'il avait écrit "je cherchais mon plus lourd fardeau, c'est moi que j'ai trouvé". L'homme et la femme se fichaient d'un tel propos, heureux de la quiétude et de la douceur qui les enveloppaient. Il y a un temps à tout, il était temps pour eux de savourer, oubliant les fardeaux d'avant et d'après.

 

Le lendemain, elle est allée au bout de l'île, sans lui, pour lui. Il l'attendait, installé sur un banc, reprenant son souffle, le regard plongé dans le lac. A quoi pensait-il pendant qu'elle pensait à lui et à ce qu'ils partageaient au creux de ces montagnes, cet endroit qu'elle avait rêvé depuis bien longtemps.

 

Jamais elle n'oubliera ces quelques jours passés auprès de lui, dans cet univers de Beauté. Elle a raison de croire qu'ils ont touché l'essentiel et le pur.

 

Cette Beauté aura-t-elle raison de cette sale bête qui s'est manifestée à leur retour. Elle pèse, elle trépigne, la garce, avec ses armes sournoises et sa chair infâme.

Dieu que ce fardeau est odieux ! Et si lourd pour l'homme solide qu'il est.

La femme continuera de fredonner, et sera présente s'il veut bien. La tristesse la fait chanceler, mais elle veut sourire à son ami et garder ce lien indéfinissable qui les unit.

 


 

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